jeudi 16 octobre 2008

MA GUERRE DES SIX JOURS


Le lundi 5 juin 1967, c’était une journée bien ensoleillée comme à l’accoutumée en cette saison à Alexandrie, aussi elle était censé être le premier jour d’examen du second semestre de la première année, à la faculté d’Agriculture de l’Université d’Alexandrie. Par ailleurs, il c’était tout aussi vrai que la tension avait atteint son paroxysme au Moyen-Orient, suscitée par les humeurs belliqueuses du colonel Nasser qui ne ménageait sa peine pour jouer au grand défenseur des frères arabes et de la cause arabe avec ses discours provocateurs et populistes. Environ deux semaines auparavant, ma révision des cours fut interrompue par le discours de Nasser à la radio ; on n’avait pas encore la télévision à la maison, J’ai donc tout lâché pour aller l’écouter dans la chambre de mon père où se trouvait la radio. Mon vieux père était assis en pyjama et robe de chambre, sur un canapé à la turque, dit « canapé d’Istanbul », tout fumant sa pipe et dégustant son café turc. J’ai pris place sur une chaise devant lui pour écouter ce fameux discours. Entre autres, dans son discours, Nasser avait dit en parlant du président américain: « Si mister Johnson n’est pas content qu’il aille boire à la mer, et si la méditerranée ne lui suffit pas il a la mer rouge. » Une façon à peine polie pour dire « qu’il aille se faire voir ». Mon père commenta aussitôt, parlant de Nasser : « cet homme, est un mal élevé, il a besoin qu’on lui flanque une raclée ça lui apprendra la politesse. » Il me faut préciser que j’appartenais à la génération de la révolution, malgré ce que ma famille avait subi, du seul fait du pouvoir en place ; N’ayant pas de souvenirs de mon vécu sous la royauté, je n’ai connu que la révolution et par la force des choses j’étais imbibé de sa propagande parce que comme pas mal d’égyptiens je croyait ce qui se disait alors ; quant à mon père, il était resté fidèle au souvenirs du roi Farouk lui gardant toute son amitié.

Lundi matin, je me suis rendu à la fac pour passer la première épreuve d’examen, je ne me rappelle plus de quelle matière il s’agissait, prévue à 9 heures du matin. Il était 8h30 quand je suis arrivé au grand portail de la rue Platon, face aux cimetières chrétiens. Celui-ci était encore fermé et j’ai trouvé un certain nombre d’étudiants en train d’attendre devant. Leur nombre augmentait au fur et à mesure que les minutes passaient ; mais à 9 heures, ce fameux portail restait toujours fermé, gardé par les policiers qui appartenaient au corps des « gardes de l’université » du ministère de l’intérieur. Les étudiants commençaient à s’énervait invectivant les policiers, quand monsieur Hassanein, le chef du bureau des affaires des étudiants, est apparu, il descendit les marches de l’escalier et s’approcha des grilles pour nous annoncer que la guerre avec Israël venait d’éclater et les épreuves des examens ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre. Il nous conseilla de retourner chez nous. Des « Allahou Akbar » enthousiastes se sont fait entendre, et chacun se demandait ce qu’il allait faire. Les étudiants commençaient à se disperser, quand notre attention fut attirée par le bruit de voitures roulant très vite sur l’avenue El Horreya L’ancienne route d’Aboukir ; la fameuse artère principale qui longe la ville d’Alexandrie du centre ville jusqu’au palais de Montazah et qui était perpendiculaire à la rue platon. Nous nous sommes rendus quelques étudiants et moi, jusqu’au niveau de l’avenue. La circulation sur cette avenue avait été bloquée à toutes circulations sauf pour des véhicules militaires, parfois privés et quelques fois des taxis transportant des officiers en uniformes roulant à vives allures, dans le sens partant du centre ville, se rendant probablement aux casernes de Moustafa Pacha ou d’autres casernes plus loin. Le nombre de militaires en courses était impressionnant. Je me suis demandé, comment se fait-il qu’ils étaient rentrés chez eux la veille, n’étaient-ils pas sensé être en état d’alerte et dormir dans leurs casernes. Je ne savais pas, alors, qu’on avait déjà perdu la guerre en ce moment précis.

Certains étudiants, dont moi, animés par des sentiments patriotiques, sont retournés vers le portail de la fac pour demander à voir le lieutenant responsable des cours d’instruction militaire. Depuis la première année du lycée, l’équivalant de la classe de seconde, nous les jeunes étudiants égyptiens avions reçus une instruction militaire en raison de deux heures par semaine, certains d’entre nous avaient suivi des stages de « Saïka » ou commandos forces spéciales, nous savions nous battre et notre patriotisme était à point exacerbé. Un policier de la garde nous a indiqué qu’il se trouvait à la fac de commerce pour organiser avec d’autres le volontariat des étudiants et que les inscriptions se faisaient là-bas. Comme je l’ai déjà dit, j’étais imbibé de la propagande nassérienne, j’ai décidé donc, dans mon élan patriotique, de me porter volontaire. Je suis allé prendre le tramway pour me rendre au bureau de mon père, pour le prévenir de ma décision pour ne pas qu’il s’inquiète de ma disparition. Arrivé chez mon père je lui ai fait part de mon intention, en le quittant je lui fis mes adieux il me dit : « à ce soir », je lui ai répondu que ce soir on dormira à Tel-aviv. Mon père m’a répondu qu’il ne faut pas rêver, et me recommanda de prendre soin de moi. Je dois reconnaître à mon père qu’il était un démocrate, à aucun moment il n’a essayé de me dissuader, et me donna même quelques argents de poche pour la route. J’avais profité d’être chez mon père pour passer un coup de fil Mon ami Moustafa El Tabbaa’ pour lui en parler, c’était mon meilleur ami. Moustafa essaya de m’en dissuader craignant pour moi, mais je lui ai dit que j’étais décidé, il me recommanda de ne pas faire de folie. Ce cher Moustafa que Dieu ait son âme en paix est tombé en martyr sur-le-champ d’honneur quelques années plus tard lors de la guerre du kippour. Il était alors Capitaine dans l’infanterie. Quittant mon père, je suis passé à la maison récupérer mon uniforme militaire avec quelques sous-vêtements de rechange et le nécessaire de toilette le tout dans un sac de sport. Je suis parti de la maison après avoir dit à ma mère que je rejoignais les bataillons de l’université et qu’elle ne devrait pas s’inquiéter.

Me voilà rendu à la fac de commerce pour me faire enrôler et je me suis trouvé à faire partie du premier bataillon sur les deux constitués. J’ai fait partie de la première section constituée de trente-trois soldats, un caporal, et un lieutenant de réserve il était un officier de la marine marchande. Le bataillon était commandé par un lieutenant colonel de réserve, ce dernier boitait à cause d’une vielle blessure à la jambe. nous a remis un paquetage constitué d’un uniforme et des fameuses godasses militaires dont la semelle était fixée avec des clous. Pour ne pas répéter, ce qui a été publié maintes fois sur les causes de la défaite de juin 1967, je me contente de confirmer ce qui a été dit et écrit sur le paquetage individuel des soldats qu’il était défectueux. Chaque fois que des chaussures étaient distribuées, dés qu’elles étaient portées, nous nous retrouvions avec des blessures aux plantes des pieds causées par les clous plantés dans les semelles. L’on pourrait croire que ces chaussures étaient fabriquées par des israéliens pour le compte de l’armée égyptienne. Il me faut préciser nous recevions dans nos paquetages les mêmes chaussures qui équipaient l’armée égyptienne. Si nous analysons bien les conséquences, elles seraient sans doute l’une des causes principales de la déroute de l’armée égyptienne en 1967, causant des pertes par milliers parmi les troupes. Ceci explique aussi les photos de godasses neuves jetées sur le sable du désert du Sinaï. Notre bataillon avait reçu l’ordre de nous rendre à l’école anglaise « El Nasr School for Boys » qui nous servirait de base arrière. Cette école était mitoyenne de la fac d’Agriculture mais sa façade donnait sur avenue El Horreya. Dans l’après midi, nous avions reçu notre dotation en armes et munitions ; la première moitié du bataillon avait été dotée d’un fusil, semi-automatique, de fabrication égyptienne « Hakim 7,62 » avec dix balles pour chaque individu comme dotation de munition. Ces fusils étaient sans percuteurs, donc inutilisables. Quant à l’autre moitié du bataillon, elle a été dotée de vieux fusils belges, Moser 7,62 mais pas de munitions pour ces fusils. Nous disposions seulement de la cour et de quelques locaux, mais rien n’était prévu pour notre hébergement. Nous ne pouvions pas rester dormir sur place, ni disposions de moyens de transport, et pour seul moyen de communication nous avions une extension de la ligne téléphonique de l’école. Notre premier après midi de volontaires le Lt.Colonel, nous a informé que notre mission se résumait à la protection de la ville d’Alexandrie et qu’il attendait de plus amples instructions. Il y avait également un système de diffusion de communication interne à l’école, composé de microphone, d’un amplificateur et des haut-parleurs fixés dans différents endroits. Il y avait également un poste radio, pour écouter la radio du Caire, que le commandement laissait allumé afin nous d’informer sur l’évolution de la situation sur la ligne du front. Toutes les fréquences radios égyptiennes étaient rassemblées pour ne diffuser que les communiqués militaires et les chants patriotiques dont le régime de Nasser en avait le secret.

Je ne m’étalerai pas sur le déroulement des opérations militaires, d’abord je n’y étais pas et surtout, beaucoup de personnes plus qualifiées que moi ont longuement traité ce sujet. J’essaye seulement de décrire ce que je percevais de cet épisode et de livrer mes sentiments d’alors et mes réflexions bien plus tardives. A croire les communiqués militaires égyptiens, lus par le sinistrement célèbre Ahmed Saïd de la radio « Sawt el Arab », Israël aurait perdu prés du quart de ses avions de combats, abattus par notre glorieuse défense anti-aérienne rien qu’au premier jour des hostilités. Nous avions tous crus ce que disaient les communiqués, car le régime de Nasser présentait les forces armées égyptiennes comme étant l'armée la plus puissante du Moyen-Orient ou plus exactement selon les termes officiels « la plus importante force de frappe du Moyen-Orient. De Plus, nous savions tous que l’armée possédait des missiles capables de toucher n’importe quel objectif se situant au sud de frontières libanaises et ce à partir de notre territoire, selon les propres dires du Colonel Nasser quelques années auparavant. Nous avions vu ces missiles lors de parades militaires quelques années précédemment, il s’agissait des missiles « El Qaher et El Zafer ». Nous les jeunes égyptiens, nous avions foi en notre armée et nous étions tous prêts à nous battre et à mourir pour notre patrie. Dans nos discussions entres volontaires nous avions pensé que ces fameuses missiles ils les garderaient pour la fin. La nuit tombante, le Lt. Colonel nous renvoya chez nous munis de nos armes pour y passer la nuit et revenir le lendemain matin à 8 heures. C’était ainsi que s’achevait le premier jour de notre guerre. Mon père me voyant revenir à la maison me dit en souriant : « je te l’avais dit que tu rentrerais ce soir à la maison ». Je savais qu’il écoutait les nouvelles données par les radios diffusées en arabe

Les journées suivantes se ressemblaient au 1er bataillon de volontaires de l’université, les percuteurs réclamés pour les fusils « Hakim » et les munitions pour les Moser, tardaient à arriver comme si nous n’étions pas en guerre. Nous étions tous là à écouter les nouvelles de la radio sans pouvoir faire quelque chose d’utile à notre Egypte biens aimé. Nous étions tous bien entraîné nous avions quatre années d’instruction militaire pendant toute la durée des études secondaires plus l’année de fac écoulée, nous pouvons ajouter à cela, les périodes passées dans les camps d’entraînement estivaux, pour certains d’entre nous. Le fait intéressant, est survenu le 7 ou le 8 juin lors de l’appel du matin, un des officiers nous présenta un des camarades comme étant le héros du jour. En effet cet étudiant soldat rentrant chez lui le soir en empruntant la voie des berges du canal « Mahmoudiya » qui longe la ville D’Alexandrie par le sud, quand il vit une ombre humaine sortir de l’eau. Il pointa son fusil et somma de ne pas bouger en gardant les mains sur la tête. L’ombre s’immobilisa et s’exécuta, il s’agissait d’un nageur de combat israélien qui s’était égaré dans le canal et venant du port d’Alexandrie auquel le canal est relié. Des passants s’étaient rassemblés en entendant la sommation de notre camarade. Celui-ci sachant que son fusil était sans munitions, avait fait le geste d’armer son fusil tout en hurlant de toute sa voix sa sommation simulant qu’il était prêt à tirer pour se donner une contenance. Aidé par les passants munis de torches, notre ami a pu neutraliser le nageur de combat qui s’était rendu, ce dernier s’était tétanisé à la vue de l’attroupement de la foule autour de lui et fut emmené au commissariat du quartier. Je pense que cet incident mérite un arrêt sur image pour pouvoir apporter une réflexion. Supposons que le nageur de combat israélien, avait tenté de résister à son arrestation ou que notre camarade aurait laissé transparaître une quelconque hésitation sachant qu’il n’avait pas la possibilité de tirer ? Je n’ose pas imaginer la suite. Notre ami serait peut-être mort si l’israélien s’était défendu. Oui, mort bêtement et par la faute et l’inconscience de ceux qui détenaient le pouvoir en Egypte et ceux qui organisaient la défense des installations. Bref, cet incident a mis la puce à l’oreille des autorités militaires, qui en donnant l’alerte, ont pu arrêter à temps d’autres nageurs de combats venus pour des missions de sabotages.

Le neuf juin 1967, une intervention télévisée et radio diffusée du président Nasser avait été annoncée et nous avions passé la journée à l’attendre. Les communiqués militaires affirmaient que nos troupes pour des raisons tactiques s’étaient retirées dans l’ordre pour se regrouper derrière la seconde ligne de défense. Tout le monde autour de moi pensait qu’il y’aurait un plan infaillible pour battre les israéliens et libérer la Palestine. Cette intervention eut lieu aux environ de 8-9 heures du soir. Nasser, pour être bref, d’une voix qui transpirait la détresse mixée à pas mal de comédie, il entreprit un préambule dans lequel il exposa que l’Egypte avait subie une Naksa ou un rechute qu’elle pourra dépasser, il poursuivit par une analyse de la situation, mais sa meilleure trouvaille fut qu’il attendait l’ennemi venant par le nord ou l’est mais que celui-ci est venu par l’ouest, drôle d’aveu de la part d’un ancien militaire. Ensuite souligna que les portes avions américains et britanniques étaient intervenus dans le déroulement des opérations tout cela pour nous dire que ce n’était pas sa faute mais celle des américains des britanniques. Bref il était évident qu’il prenait les égyptiens pour des crétins, il n’était pas le premier mais lui vraiment avait fait fort et ça a marché. Il évoqua de grandes batailles de chars et de combats aériens, pures balivernes, mais on l’avait cru nous les crétins!! Il annonça que l’Egypte avait accepté lé cessez-le-feu puis il prit la voix du brave type qui se sacrifiait pour sauver ses amis, il déclara qu’il était seul responsable de la défaite ou la « naksa » et annonça qu’il avait pris une décision qu’il demande au égyptiens de l’aider à l’accomplir, celle de s’écarter de toute fonction politique ou officielle pour finalement désigner Zakaria Mohiï el Dine pour assumer la fonction de président de la république. Et pour terminer son discours il rappelle aux égyptiens les réalisations de la révolution. Pas une seule de ses réalisations n’avait porté ses fruits, quelle démagogie !! Plus le temps et les années passent plus je trouve que Nasser était un être machiavélique et cruel. Personne, parmi nous, n’avait pu mesurer l’ampleur de la catastrophe. Dans la journée les communiqués militaires était encore triomphant, la seconde ligne de défense dont il était question on croyait qu’elle se trouvait à une cinquantaine de kilomètres ou quelque chose de la sorte mais personne ne se doutait que cette ligne était la rive occidentale du canal de suez. Le choc fut terrible, beaucoup de questions restaient sans réponses. Pourquoi n’a-t-on pas utilisé les missiles dont on avait parlé! Mais que faisaient donc les services de renseignements. Pourquoi a-t-on entrainé l’armée égyptienne dans une guerre quand la balance des forces était en déséquilibre. Une stupeur générale a régné sur le bataillon ; l’observateur pouvait voir la désillusion, l’humiliation et la détresse sur les visages de tous ces jeunes, je dirai même, que nous étions dans un état d’anéantissement indescriptible. Des points d’interrogations traversaient nos esprits mais restaient désespérément sans réponses et personne n’était là pour nous répondre. D’après tous ces communiqués militaires dont notre radio nous bombardait, il ne devait plus rester grand chose, comme avions de combats, à l’armée de l’air israélienne. Comment alors était arrivée cette défaite ? Mais où était donc passé notre puissante armée qui pavoisait lors des parades militaires, le 23 juillet de chaque année, anniversaire de la soit disant révolution ?

Dans sa détresse, un de nos camarades a sombré en dépression, il tenta de se suicider. Munis d’un fusil Moser, Il subtilisa une balle, arma son fusil et voulu se tirer la balle dans la tête. Ses camarades qui se trouvaient prés de lui l’en ont empêché en le ceinturant et en lui arrachant son fusil. Nous l’avons conduit chez le commandant qui l’avait gardé dans son bureau et le raisonna jusqu'à ce qu’il se soit calmé. Puis ce fut l’heure de rentrer chez nous, en route j’ai pu voir le peuple qui était sorti manifester son désarroi face à l’incompréhensible défaite. Mais j’ai vu aussi les manipulateurs qui invitaient les gens à se rendre manifester devant le siège de l’union socialiste arabe, le parti unique de l’époque qui se trouvait à Manchïya place Mohamed Ali Pacha, scandant leur attachement à Gamal Abdel Nasser, c’est ce qu’ils ont fait par habitude « ces crétins », expression que j’emprunte au Roi Fouad I qu’il utilisait en français pour désigner la populace d’égyptiens quand il parlait de ceux-ci. Il était visible que des individus avaient pour mission de canaliser la foule et d’influencer pour que l’émotion populaire aille dans un sens voulu par le pouvoir en place. Du moins c’est ce que j’ai pu constater puisque je rentrais à pied en marchant lentement, j’ai pu observer ce soir là, ce qui se passait dans les rues ; je n’étais pas le seul qui ait pu observer ces agissements, d’autres l’ont vu et entendu plus que moi, et me semble-t-il certains l’on écrit. Mais Dieu merci Il ne s’agissait pas de tout le monde, d’autre plus futés s’étaient resté chez eux en attendant d’y voir un peu plus clair. J’ai emprunté cette expression parce qu’avec le recul, et ce que nous avions appris, les foules avaient agît comme des crétins manipulés, mais je pourrais comprendre leurs désarrois.

Une fois, rentré chez moi, j’ai retrouvé mon père, comme à l’accoutumé entrain d’écouter la BBC, puis Radio Monte-Carlo, ensuite la Voix de L’Amérique. Je me suis changé et rangé mon fusil sous le lit, puis, je suis allé m’installer face à lui pour prendre une tasse de thé. Je ne disais rien. Mon père n’était pas un homme à faire du triomphalisme quand les événements lui donnaient raison, il me dit : « ne soit pas attristé, on ne pouvait pas gagner cette guerre, tu as bien vu comment Nasser s’y était pris, il aurait mieux fait de la fermer ! ». Oui, Nasser aurait mieux fait de la fermer, plutôt deux fois qu’une. A vrai dire je me sentais soulagé qu’il s’en aille, l’idée qu’il y ait un changement à la tête de l’état ne me déplaisait pas, mais un sentiment incompréhensible me faisait craindre le pire. Le lendemain, le 10 juin, tout le monde était dans le bleu on ne savait pas qui gouvernerai l’Egypte, les media continuaient à annoncer un communiqué de monsieur Zakaria Mohiï el Dine qui tardait à arriver les foules avaient envahi le Caire et la situation intenable. Puis, les medias se sont transportés à l’assemblée nationale pour la diffusion de deux communiqués celui de Zakaria suivi de celui de Nasser. L’un pour annoncer le refus de Zakaria de succéder à Nasser à la présidence, et l’autre dans lequel Nasser accepte la volonté du peuple de le maintenir à sa place, et la boucle était bouclé, quelle déception, oh oui j’étais déçu, ce looser venait de se faire appeler pour la deuxième foi de héro.

J’ai continué à me rendre tous les jours au bataillon, mais le cœur n’y étais plus, tous le monde sait ce qui s’était passé par la suite. Il fallait vraiment se rendre à l’évidence que la guerre était perdue, alors nous passions notre temps à discuter avec amertume ne sachant rien de ce qui s’était passé. Puis un jour de la semaine qui a suivi, le chef du bataillon décida de nous emmener pour un exercice de tir dans un camp d’entrainement à Mex une banlieue située à l’ouest de la ville d’Alexandrie. Nous y avons été conduit par camions militaires, et chacun d’entre nous avait tiré 6 balles avec une mitraillette Port-Saïd, de fabrication égyptienne, et surtout de conception rustique et peu fiable, de telle sorte que même si elle était sécurisé et qu’elle tombait par terre le mécanisme de tir se déclenche tout seul et le réservoir se vide. Je laisse au lecteur le soin d’imaginer le reste et les conséquences.

J’ai informé mon père de mon intention de quitter le bataillon de volontaires et de préparer mes examens, c’était ce qui me restait de mieux à faire, je ne pouvais plus redonner ma confiance à ce pouvoir ni à ces symboles. Depuis le 9 juin au soir Nasser n’était plus mon président. Oui ! Cet homme nous avait menti, il avait conduit l’Egypte à la défaite et à l’humiliation et il aurait mieux fait de partir s’il lui restait un brin d’honneur et d’amour propre. Je laisse cela au tribunal de l’histoire, l’histoire véridique, non pas celle écrite par les falsificateurs qui tentent de noyer la vérité, mais tout finira par apparaître au grand jour.

Dès le lendemain du neuf juin, pendant le rassemblement du matin, plus personne n’avait le cœur à scander « vive la république arabe unie » ! Nous étions tous comme des zombies aussi effondré comme l’Egypte l’était. Le soir Nasser avait retiré sa démission sur insistance des mouvements populaires. Il m’a fallu attendre encore deux trois jours après notre fameux exercice de tir avant d’aller trouver le Lt. Colonel et lui dit : « Monsieur, ce n’est pas pour me défiler mais je pense que ma présence ici, maintenant n’a plus aucun sens, je voudrai quitter le bataillon pour préparer mes examens à venir. » A mon grand étonnement le Lt colonel m’a donné raison. Il est sorti avec moi de son bureau et appela au rassemblement. Il annonça la dissolution du bataillon. La matinée a été passée en formalités pour le désarmement du bataillon. Une fois tout cela terminé, je suis rentré chez moi pour écouter les émissions en arabe des radios étrangères. Petit à petit l’ampleur des dégâts commençait à voir le jour vérités que les détenteurs du pouvoir sortaient savamment par bribes, pour éviter une révolte.

C’est ainsi que se termina ma guerre des six jours, sans avoir tiré une seule balle de fusil en direction de l’ennemi. Je me suis trouvé avec tous mes rêves anéantis, sans aucune perspective d’avenir, ni d’espoir à nourrir, même pas la joie de vivre pour nous faire oublier sans parler que l’insouciance propre à la jeunesse nous avait quitté. J’ai vécu ces moments douloureux avec le sentiment d’être mort dans un combat virtuel, croyez moi c’était bien pire que la vrai mort, car une fois morte la personne ne souffre plus mais cette mort là ressemble à celle de l’enfer dont nous parle les livres saint, on meurt et on continue à souffrir c’était exactement cela. Nasser avait détruit notre génération et d’autres après nous, il entraîna l’Egypte dans une guerre qu’il n’avait pas préparée, ajouté à cela il avait usurpé le pouvoir deux fois. La première, il avait évincé le général Naguib pour s’accaparer le pouvoir en 1954 tandis que la deuxième fois, il s’était fait plébisciter par la tricherie et les manœuvres douteuses le 10 juin 1967. De toute façon tous étaient des usurpateurs.

Il ne faut pas se laisser berner par les apparences, les mouvements des foules, ces 9 et 10 juin était bel et bien une grande manipulation. Nasser, au bout de 15 années de pouvoir, avait fini par se faire déifier, comme faisait les pharaons de l’Egypte antique. Le peuple Egyptien, depuis l’antiquité, adorait ses pharaons. Son adoration pour Nasser rentrait tout à fait dans ce cadre. Les Egyptiens ne sont pas des imbéciles mais souvent agissent en crétins, en se laissant emporter par leurs sentiments, c’est qu’a fortiori ce sont des sentimentaux. Nasser exploita ce point et dans son discours il s’était présenté en martyr, et feint de vouloir se sacrifier assumant seul la responsabilité de la défaite qu’il appela « Naksa ou rechute » dans son discours. Il avait parié sur leur attachement traditionnel à leur leader et emporta son pari après les avoir dupés. Mais ceux qui ne s’étaient pas laissé berné par la manœuvre s’étaient tut, car tout le long de son exercice du pouvoir il s’était évertué à mater toute opposition, le plus souvent sous la torture et dans le sang voire purement et simplement par la liquidation physique. Ils avaient déjà fait l’expérience. Les jours qui suivirent, on pouvait observer, une certaine forme d’opposition se dessiner. La population devenait allergique à la vue de l’uniforme de l’armée Egyptienne. Le temps où cet uniforme inspirait la crainte, le respect et la force, était révolu, maintenant toute personne portant l’uniforme se faisait insulter, et pouvait même se voir cracher dessus. C’était là le revers de la médaille. Tout cela prouvait que le peuple Egyptien était moins aveugle qu’on le pensait, du moins il avait perdu toutes ses illusions même s’il s’était résigné à souffrir en silence. Quant à moi je formulerai une autre thèse qui nous donnerait un aspect moins crétin. Si le mouvement des foules du 9 juin 1967 était une façon que la population de faire comprendre à Nasser « maintenant que tu nous a conduit à cette ruine, tu ne te dérobera pas à ta responsabilité et tu devras nous sortir de cette situation », et le voila pris dans son propre piège ce qui lui couta sa santé et sa vie.

Sincèrement, je pense que la défaite subie par l’armée Egyptienne n’était en aucun cas due à la suprématie de l’armée israélienne, mais plutôt à l’absence d’un commandement Egyptien digne de ce nom. Commander c’est prévoir, et ce commandement n’avait rien prévu, il était occupé à bien d’autres choses que la raison de leur existence. Cette défaite Nasser et ses acolytes seuls l’avaient mérité. Ils avaient critiqué le feu Roi Farouk pour ce qui s’était passé en Palestine en 1948 était certes une défaite, mais ce qui s’était passé en 1967 était bien pire, c’était l’humiliation voire la catastrophe ! J’aurais aimé savoir, quel était le sentiment du très célèbre « Raa’fat El Haggan » la fameuse taupe Egyptienne implantée en Israël, quant il apprit l’humiliante défaite de l’armée égyptienne, lui, qui avait sacrifié des années de sa vie pour servir son pays ; tant de sacrifices pour rien. S’étaient-ils préparé à la guerre ? avaient-ils fait ce qu’il fallait ? S’étaient-ils comportés comme il convenait ? Fabriquaient-ils leurs armements ? Ont-ils fait ce qu’il fallait, avaient-ils conçu des plans pour cette guerre ? La réponse à toutes ses questions est toujours Non. La vérité est que Nasser n’était qu’un fanfaron qui avait peut être du charisme populiste mais doublé d’une ignorance et d’une vue qui n’allait pas plus loin que le bout de son nez et d’une mauvaise foi à toute épreuve. Le 10 juin 1967 l’Egypte est sorti de l’Histoire, par sa faute ; tout ce qui s’en est suivi après cette date n’était que les soubresauts d’un moribond.

Oui Nasser, cet homme, qui avait prêté serment un certain 23 juillet 1957 lors de l’inauguration de l’Assemblée Nationale égyptienne, il avait dit textuellement : « Je jure par Dieu le Grand, de préserver le régime républicain, de respecter la constitution et la loi, de prendre soin des tous les intérêts du peuple et de préserver l’indépendance de la patrie et l’intégrité de ses territoires ». Qu’a-t-il fait ce monsieur le 9 juin 1967, ce monsieur tenta de se dérober en rendant au peuple un pays dont le régime était chancelant, économiquement ruiné, avec une constitution suspendue et gouverné sous la loi de état d’urgence, totalement soumis à l’hégémonie soviétique qui fut le principal créancier, et amputé de 1/5 du territoire qui se trouvait sous occupation israélienne, sans parler d’une armée en lambeaux avec ayant perdu tout son armement. Et ce n’est pas fini, le comble, il ya encore des gens qui osent l’appeler le héros de la nation ou le héros de l’indépendance. Je comprends qu’on on nous regarde et qu’on nous écoute avec un sourire moqueur, on doit penser que nous sommes un peuple d’imbéciles.

Situation misérable et pathétique, c’est mon opinion que je défendrai toujours de toutes mes forces. Passer outre l’ordre du retrait, on serait certes passible de mener devant un tribunal de guerre mais à mon humble avis, cela aurait dû être l’attitude des troupes égyptiennes, il ne faut pas avoir fait de hautes études militaires si tout le monde avait avancé en direction de l’ennemi, même sans couverture aérienne. Cette situation, si elle s’était produite, aurait posé un gros problème aux israéliens que des troupes aient fait une percée au travers de leur frontière ce qui aurait rendu la tache de l’aviation israélienne plus difficile. Le soldat égyptien est courageux, malheureusement notre commandement de l’époque ne pouvait qu’être taxé de lâcheté de trahison ; je ne peux pas dire le peuple égyptien qui était resté tétanisé chez lui, mais je parle de ses foules de « crétins » manipulés qui sont sortis aduler un sacré menteur le suppliant de revenir sur sa décision de quitter le pouvoir, au lieu de lui faire subir le même sort que les Italiens avaient réservé à Mussolini, Il ne méritait pas autre chose. Mais la stratégie du mensonge l’avait emporté, et une bonne partie des miséreux avait gobé la supercherie. Le peuple égyptien le 9 et le 10 juin a raté une occasion en or de se débarrasser de son tyran qui avaient causé sa perte. Gamal Abdel Nasser est, et restera toujours, responsable de la mort de plus de onze mille Martyrs 10 000 soldats et 1500 officiers selon ses propres déclarations, sans compter le nombre faramineux de blessés qu’il a omis de déclarer. Il va sans dire que c’est la seule source de renseignements dont nous disposons, tandis que nous savons tous que cela faisait longtemps qu’il pratiquait la désinformation. Je me rappelle que dès le premier jour de la guerre tous les hôpitaux ont été vidé des malades qui y séjournaient sans ménagement et sans se préoccuper des conséquences de cette acte sur leur état de santé, mêmes les hôpitaux psychiatrique n’ont pas dérogé à la règle, ils ont aussi été vidés des malades renvoyés dans leur famille. Je n’aimerai pas être à sa place le jour du jugement dernier quand il comparaitra devant son créateur.

Quand je pense qu’on ait pu reprocher au Roi Farouk son implication dans ce qui a été appelée l’affaire des armes défectueuse en 1948, le Roi était de par la constitution le chef des armées et n’était pas un militaire, pour faire face à l’insuffisance en armement dont souffrait l’armée il avait donné l’ordre à ceux qui s’occupait de l’équipement de l’armée de se procurer des armes par n’importe quel moyen. C’est lui en tant que commandant suprême de l’armée qui donna à l’armée de se mettre en mouvement en direction de la Palestine. Lui reproche-t-on la défaite de l’armée égyptienne en 1948, mais honnêtement, peut-on comparer cette défaite avec la cuisante défaite qui aboutit au quasi anéantissement de l’armée égyptienne en 1967. Mais à supposer que cette affaire d’armes défectueuses est vraie et ce n’est pas le cas, qu’ont-ils fait de mieux ces messieurs du coup d’état. N’était-il pas vrai que l’armée égyptienne recevait en dotation le matériel réformé des armées du pacte de Varsovie, et de ce fait elle leurs servait de poubelle pour se débarrasser de leur matériel obsolète ? Finalement, aujourd’hui, je suis convaincu que l’armée égyptienne était seulement conçue et formé pour se battre seulement sur le plan intérieur contre le peuple égyptien et le maintenir sous une chape de plomb, d’ailleurs elle n’a jamais remporté la moindre bataille de celles qu’elle a engagée jusque là. Je pourrai reprendre des exemples connus Cette nouvelle situation de défaite humiliante ne pouvait que déclencher des « flash-back » évoquant des scènes auxquelles j’ai assisté auparavant, je me contente de raconter ici une scène que j’ai vu se dérouler devant mes yeux. Cette scène poignante s’était produite lors de mon passage pour les deux jours d’examens du service national. Ce fut au printemps de l’année 1965, ayant atteins ma dix-huitième année, j’ai été convoqué pour passer la visite médicale et d’aptitude pour le service militaire, lesquelles qui se déroulaient à l’époque dans les casernes de Moustapha-Pacha. Toute la classe d’âge du quartier était convoqué ce jour là, certains qui étaient scolarisé devaient être munis de certificats de scolarité pour obtenir un ajournement sinon ils en auront pour trois années de service militaire et c’était un calvaire, ceux qui l’ont expérimenté savent de quoi je parle. Donc nous y étions rassemblés sous un préau en plein milieux de la caserne et nous étions entrain de remplir des formalités, opération dirigé par un sergent chef moustachu aux allures de voyou gardien de prison, et nous étions rangés en forme de U. Quelques jeunes parlaient entre eux et il y avait une sorte de brouhaha qui couvrait la voix du sergent, celui-ci furieux se mit à crier demandant le silence sous peine de nous voir tous retenus à la caserne pour passer la nuit. Un jeune gaillard qui n’avait pas l’air d’avoir de l’instruction s’était mis à rigoler, c’est alors que l’ayant vu le sergent le somme de se présenter devant lui sur le champ. Il lui ordonne de maintenir la position fixe et de ne bouger sous aucun prétexte, ensuite il lui dit : « tu te foutes de ma gueule ? » lui flanque une gifle magistrale puis une autre du revers de la main sur l’autre joue. Le garçon leva les bras pour protéger son visage, et là le sergent lui ordonne de baisser les bras et de se maintenir fixe puis recommença à le gifler. Ainsi le jeune homme a reçu une douzaine de gifle sans rien dire. Le sergent lui dit « j’espère que tu as compris maintenant, retourne à ta place et tiens toi comme il faut». En mouvement pour regagner sa place le jeune-homme pour montrer qu’il n’était pas affecté il tira sa langue, mais le sergent l’a vu. Il courut vers lui l’attrapa par la peau du coup et lui donna une raclée sans merci et sans pitié. Oui il le roua de coup de poing, de coups de genou, de coups de pieds et de gifles et au bout d’une vingtaine de minutes quand il fut fatigué, le sergent, il lui cracha dessus. La scène était insoutenable mais personne n’a bougé tellement le fait que nous étions dans une caserne de l’armée nous terrorisait tous. Moi je souffrais j’ai eu du mal à me contenir vu mon caractère et mes traumatismes, ce fut un exercice périlleux, je bouillonnais intérieurement mais il me fallait rester maître de moi-même. Voila ce que les militaires était capables de faire au pauvres égyptiens sans défense. Si le jeune-homme avait été issu d’une famille privilégié de l’époque personne ne l’aurait touché même qu’il n’aurait même pas eu besoin de se déplacer. Chaque fois que je pense à cette scène je sens la colère monté en moi, j’aurais souhaité pouvoir intervenir et je m’en voulais au fond de moi pour ne pas l’avoir fait; parfois je me demande ce qu’il est advenu de ce sergent et j’espérais au fond de moi qu’il a payé un jour ce qu’il a fait. J’étais jeune et de surcroits je n’avais pas l’expérience de la vie, cette scène m’avait traumatisé, mais le ciel dans sa clémence m’a donné une deuxième chance. Cette scène s’était répété dix ans plus tard quand j’ai effectué mon service militaire dans la marine égyptienne, mais cette fois j’ai eu l’occasion d’intervenir et de rendre justice à la victime, hé oui entretemps j’ai eu des amis bien placés et j’avais acquis plus de courage mais par-dessus tout j’avais bien compris le système ce qui m’a permis de l’exploiter à fonds. J’en reparlerai donc dans un autre chapitre.

Le plus navrant est que de nouveaux slogans ont vu le jour pour que le régime resserre sa reprise en main du pays. Il fallait que tout soit mis en œuvre pour effacer les traces de l’agression, et qu’aucune voix ne soit plus audible que le bruit de la bataille. Il ne restait plus au pauvre peuple égyptien son recours traditionnel à la dérision pour évacuer la pression sous laquelle il vivait. Nous sommes un peuple de blagueurs et c’est à cette époque que j’ai entendu les blagues les plus drôles que j’ai entendus de ma vie on devrait en faire un recueil un jour, pour la postérité. Tout a été mobilisé pour la reconstruction de l’armée et du pays on partait faire sons service militaire et on ne quittait plus l’armée, l’Egypte était devenue une grande prison de laquelle ne pouvait sortir que le quelques privilégiés ou les chanceux. Bref ce fut un sentiment d’étouffement qui régnait sur le pays tout entier. Les artistes entre autre avaient été mobilisés pour composer des chansons qui remonteraient le moral de la population. Une de ces chansons fut écrite et chantée par le grand chanteur compositeur Farid El-Atrach dans laquelle il chantait «Notre peuple est le peuple du sacrifice……. car la guerre est ainsi faite d’attaques et de retraits …. Ne dis pas que l’espoir est perdu, la vanité aura son tour», il l’avait chanté d’une voix si triste voire pleurnicharde, qu’elle fut la chanson la plus lugubre qu’il m’était donné d’entendre. C’est depuis cette époque que j’ai vraiment ressenti de la haine pour ce régime notre jeunesse avait été sacrifiés en vain.

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